Le rapport du légiste – Détails, épisodes et analyse

Début des années 1990. Dans les Balkans, la République socialiste fédérative de Yougoslavie, composée de la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie, est secouée par une profonde crise politique et économique. Avec la chute de l’URSS et la mort du maréchal Tito, qui a dirigé la fédération pendant 35 ans,
les nationalismes et les désirs d’émancipation se réveillent. Dès 1991, la Slovénie puis la Croatie déclarent leur indépendance, suivies rapidement de la Macédoine et la Bosnie. En quelques mois seulement, la Yougoslavie s’effondre dans une grande violence. Bombardements de civils, viols de masses, génocide… au total, plus de 100 000 personnes perdent la vie.

A partir de 1996, l’Armée de libération du Kosovo (UÇK), une province de Serbie à majorité albanaise, réclame à son tour l’indépendance. S’en suit une répression sanglante de Belgrade, dirigée par le président Slobodan Milošević. Une fois de plus, les civils sont pris pour cible. Il faudra attendre une intervention de l’Otan en 1999 pour que les troupes serbes ne se retirent de la province.

Le 27 mai 1999, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) annonce l’inculpation de Milošević pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Un poste de médecin légiste en chef pour le Kosovo est alors ouvert pour faire la lumière sur les exactions qui auraient été commises par le président serbe. Le Dr Eric Baccard, qui vient de réaliser deux missions en Bosnie et en Croatie, se porte volontaire et son nom est retenu en février 2000.

Ecrit et réalisé par : Justine Maurel
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13 mai 2013. Dans un quartier pavillonnaire de Lagny-sur-Marne, à 30 kilomètres à l’Est de Paris, Maud Maréchal passe la soirée avec ses amis et son frère Nicolas. La jeune femme de 21 ans, serveuse dans un restaurant, ne travaille pas le lendemain et compte bien en profiter.

De sa bande, elle est la dernière à partir cette nuit-là, vers 2h30. La maison de ses parents n’est située qu’à 5 minutes de marche et elle connait bien le quartier, réputé tranquille. Pas de quoi s’inquiéter donc.

Mais en chemin, elle est aspergée d’essence et brûlée vive. Son corps sans vie, à moitié calciné sur un trottoir, est découvert au petit matin, vers 6h, par un travailleur matinal. Il alerte alors la police qui se rend immédiatement sur place.

Interrogés, les voisins affirment n’avoir rien vu. Seuls quelques habitants auraient entendu des cris de femme au milieu de la nuit.

Le Dr Bernard Marc est de garde ce jour-là, à l’unité médico-judiciaire du Ghef. Il reçoit un appel et doit se rendre sur la scène de crime.

Sources :

• Pauline Guéna, « 18.3 : Une année à la PJ » , éditions Gallimard, 2021

• Lagny : le corps d'une jeune femme retrouvé calciné, 15 mai 2013, Le Parisien

• Le meurtre de Maud Maréchal à Lagny-sur-Marne : le fait divers qui a inspiré le film "La nuit du 12", 27 février 2023, France 3 Ile-de-France

• Assassinat de Maud Maréchal : le dossier transféré au pôle «cold cases» de Nanterre, 5 septembre 2023, Le Figaro

• Affaire Maud Maréchal : la véritable enquête sur ce féminicide qui a inspiré le film "La nuit du 12", podcasts "Enquête criminelles", RTL

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[DEUXIEME PARTIE] 23 février 2017. La commune d’Orvault, située dans la banlieue de Nantes, est secouée par la disparition des quatre membres d’une même famille. Pascal et Brigitte Troadec ainsi que leurs enfants Charlotte et Sébastien, âgés de 18 et 21 ans, ne donnent plus signe de vie depuis près d’une semaine.

Leurs proches alertent alors les forces de l’ordre, qui se rendent rapidement à leur domicile. Des taches de sang sont retrouvées dans plusieurs pièces de la maison,
mais aucune trace des disparus.

Pas de doute pour les enquêteurs : la famille Troadec a été victime d’un acte criminel. Après plusieurs jours d’investigation, les soupçons se portent sur Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec. Depuis quelques années, l’homme est persuadé que les Troadec cachent un trésor de famille. Son ADN est d’ailleurs retrouvé dans le pavillon d’Orvault et il est placé en garde à vue le 5 mars avec sa compagne Lydie, la sœur de Pascal Troadec.

Au commissariat de Brest, Hubert Caouissin avoue le quadruple meurtre, expliquant s’être rendu chez son beau-frère dans la soirée du 16 février pour espionner les Troadec et obtenir des informations sur le fameux trésor. Mais surpris par Pascal, il aurait tué les quatre membres de la famille à coups de pieds de biche. Il indique ensuite avoir démembré les corps, puis les avoir en partie brûlés et enterrés dans sa ferme à Pont-de-Buis, dans le Finistère. Le lendemain, il est mis en examen et placé en détention provisoire.

De son côté, le Dr Guillaume Visseaux, qui travaille à ce moment-là à l’institut médico-légal de Nantes, se rend avec son interne dans la ferme d’Hubert Caouissin pour passer au crible les lieux et procéder à la levée des corps.

[Attention, cet épisode contient des passages particulièrement violents qui peuvent choquer un public non averti.]

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[PREMIERE PARTIE] 23 février 2017. La commune d’Orvault, située dans la banlieue de Nantes, est secouée par la disparition des quatre membres d’une même famille. Pascal et Brigitte Troadec ainsi que leurs enfants Charlotte et Sébastien, âgés de 18 et 21 ans, ne donnent plus signe de vie depuis près d’une semaine.

Leurs proches alertent alors les forces de l’ordre, qui se rendent rapidement à leur domicile. Des taches de sang sont retrouvées dans plusieurs pièces de la maison,
mais aucune trace des disparus.

Pas de doute pour les enquêteurs : la famille Troadec a été victime d’un acte criminel. Après plusieurs jours d’investigation, les soupçons se portent sur Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec. Depuis quelques années, l’homme est persuadé que les Troadec cachent un trésor de famille. Son ADN est d’ailleurs retrouvé dans le pavillon d’Orvault et il est placé en garde à vue le 5 mars avec sa compagne Lydie, la sœur de Pascal Troadec.

Au commissariat de Brest, Hubert Caouissin avoue le quadruple meurtre, expliquant s’être rendu chez son beau-frère dans la soirée du 16 février pour espionner les Troadec et obtenir des informations sur le fameux trésor. Mais surpris par Pascal, il aurait tué les quatre membres de la famille à coups de pieds de biche. Il indique ensuite avoir démembré les corps, puis les avoir en partie brûlés et enterrés dans sa ferme à Pont-de-Buis, dans le Finistère. Le lendemain, il est mis en examen et placé en détention provisoire.

De son côté, le Dr Guillaume Visseaux, qui travaille à ce moment-là à l’institut médico-légal de Nantes, se rend avec son interne dans la ferme d’Hubert Caouissin pour passer au crible les lieux et procéder à la levée des corps.

[Attention, cet épisode contient des passages particulièrement violents qui peuvent choquer un public non averti.]

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Le 24 mars 1999, vers 10h45 du matin, un camion en provenance de Belgique s’engouffre dans le tunnel du Mont-Blanc, reliant la ville de Chamonix à celle de Courmayeur, en Italie. Le conducteur du poids-lourd chargé de farine et de margarine reçoit plusieurs appels de phares d’automobilistes qui roulent en sens inverse. Après un coup d’œil à son rétroviseur, il aperçoit de la fumée sur le côté droit de son véhicule et décide de s’arrêter au milieu de ce tunnel de 11,6km de long. Mais le feu prend de l’ampleur, attisé par les courants d’air qui traversent l’ouvrage.

Si le conducteur du camion parvient à s’enfuir, les automobilistes qui le suivent, eux, se retrouvent rapidement bloqués sous ce tunnel étroit. Il leur est impossible de faire demi-tour ou de se mettre à l’abri. Les heures passent, la température grimpe et dépasse même les 1000 degrés.

Au total, 39 personnes meurent dans l’incendie, asphyxiées ou brûlées, et il faudra aux pompiers plus de 50 heures pour maîtriser les flammes.

Le lendemain de la catastrophe, une enquête est ouverte. Le Dr Baccard est alors contacté par Franck Guesdon, le juge d’instruction en charge du dossier.

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Sources :

· Dr Eric Baccard, Nécropoles, Éditions L'Harmattan, mars 2024

· Incendie du tunnel du Mont-Blanc : autopsie d’une catastrophe annoncée, Affaires Sensibles, France Inter

· Incendie du tunnel du Mont-Blanc : 25 ans après, deux cérémonies en hommage aux victimes, France Bleu Pays de Savoie

· Dans les archives de Match - Il y a 20 ans, l’enfer sous le Mont-Blanc, Paris Match

· Catastrophe du tunnel du Mont-Blanc : la justice rend son verdict, Le Monde

· Tunnel du Mont-Blanc : après le drame, le scandale, Le Parisien

Le 13 octobre 1996, Angélique Dumetz, alors âgée de 18 ans, est retrouvée morte en forêt de Compiègne. La jeune femme, étudiante à Amiens, était revenue dans l’Oise pour fêter l’anniversaire de sa meilleure amie.

Elle a été assassinée à la sortie d’une boîte de nuit, poignardée, égorgée, et probablement violée. Près du corps, les enquêteurs retrouvent un blouson en cuir, un couteau, mais aussi des traces ADN tirées du sperme du tueur et son groupe sanguin : B+.

Malgré ces éléments, impossible de mettre la main sur le meurtrier. A cette époque, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) n’existe pas en France, comme c’est alors le cas en Angleterre par exemple. La mère de la victime, Marie-Pierre, décide de se battre pour qu’un tel outil soit créé et pour qu’il regroupe les ADN d’un maximum de délinquants et criminels.

Le Fnaeg voit finalement le jour en 1998 et devient opérationnel en 2000. Mais les années passent, et le fichier ne livre aucun nom. L’enquête patine, jusqu’en 2011.

A ce moment-là, le Dr Bernard Marc est responsable de l’Unité de médecine légale à Compiègne depuis 7 ans et il reçoit une femme en consultation, Alice, qui a porté plainte contre son mari pour violences conjugales.

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Avec la participation de Chloé Subileau, Louise Claereboudt et Sandy Bonin
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Sources :

• La pression de l'association «Angélique» , article de Libération, 2000

• Le violeur confondu par son ADN... quatorze ans après, article de Libération, 2011

• Compiègne : c'est le violeur d'Angélique Dumetz, article du Parisien, 2011

• L’affaire Angélique Dumetz, podcast « Au cœur du crime », L’Obs

• Assassinat d'Angélique Dumetz : le tueur au groupe sanguin B, l’heure du Crime, RTL

• Faites entrer l’accusé, Combat pour Angélique, France TV

• Le meurtre d’Angélique Dumetz, Affaires sensibles, France Inter

Une jeune femme brûlée vive à Lagny-sur-Marne, un incendie mortel dans le tunnel du Mont-Blanc, des milliers de civils massacrés pendant les guerres de Yougoslavie… Ces affaires, vous en avez sûrement entendu parler ces dernières années.

Qu’elles soient élucidées ou non, elles ont mobilisé des centaines de personnes, policiers, gendarmes, magistrats, mais aussi des médecins légistes.

A la demande d’une autorité judiciaire, ils interviennent sur les scènes de crime ou les lieux de l'accident pour identifier les victimes, déterminer l’heure du décès ou bien la cause de la mort. Ainsi, leur travail est bien souvent nécessaire à la résolution de ces enquêtes.

Mais loin des clichés véhiculés par les séries américaines, ces experts ne sont pas seulement des spécialistes de la mort. Près de 90% de leur activité tourne en effet autour des personnes vivantes, victimes de violences, placées en garde à vue ou même détenues.

En France, ils sont peu nombreux à exercer ce métier qui fascine : 161 d’après une étude du Centre national de gestion (le CNG) réalisée en 2021.

Egora a choisi de leur donner la parole dans son tout nouveau podcast « Le rapport du légiste ». Dans chaque épisode, un praticien reviendra sur une affaire marquante de sa carrière.

Depuis le lancement de ce podcast, nous avons évoqué plusieurs affaires très médiatiques, qui ont marqué les esprits par leur violence ou le grand nombre de victimes. Mais en médecine légale, d’autres cas, beaucoup moins connus, peuvent s’avérer déterminants dans la carrière d’un légiste. Pour le Dr Guillaume Visseaux, il faut remonter à l’année 2017.

En plein mois d’août, une patrouille de gendarmerie circule dans les rues d’un village de la région nantaise, quand elle tombe sur une jeune femme âgée entre 25 et 30 ans, à moitié nue. Elle est en train de courir, poursuivie par un homme. Ce dernier est alors interpellé, et les pompiers prennent en charge la victime avant de la conduire aux urgences du CHU de Nantes.

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[DEUXIEME PARTIE] Nous sommes en 2013. Dans le centre-ville de Rennes, voilà deux ans que l’ancien couvent des Jacobins est en chantier. Le site, construit en 1369, doit être transformé en centre des congrès. Des fouilles préventives y sont alors organisées.

En tout, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) y découvrent environ 800 sépultures, dont cinq cercueils en plomb, accompagnés de reliquaires en forme de cœurs. Rapidement, les chercheurs ouvrent quatre de ces sarcophages et tombent sur des squelettes. Quelques mois plus tard, le cinquième - qui était jusque-là inaccessible - est à son tour dégagé. Et à la surprise générale, il contient un corps momifié, dans un état de conservation exceptionnel.

Pour éviter qu’il ne se dégrade, il est immédiatement transféré au CHU de Toulouse, où il doit être examiné par des chercheurs du Laboratoire d’anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (CNRS – Université de Toulouse), en collaboration avec le service médico-légal.

Le Dr Fabrice Dedouit, déjà en poste dans la Ville rose à ce moment-là, prend part à l’étude de la momie.

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Sources :

• Louise de Quengo, une bretonne du XVIIe siècle, 2021, site de l’Inrap

• L'archéologie est un livre ouvert : le dossier Louise de Quengo, 2016, podcast de France Culture

• Quatre siècles plus tard, Louise de Quengo retrouve une sépulture à Tonquédec, 2015, France 3 Bretagne

[PREMIERE PARTIE]Nous sommes en 2013. Dans le centre-ville de Rennes, voilà deux ans que l’ancien couvent des Jacobins est en chantier. Le site, construit en 1369, doit être transformé en centre des congrès. Des fouilles préventives y sont alors organisées.

En tout, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) y découvrent environ 800 sépultures, dont cinq cercueils en plomb, accompagnés de reliquaires en forme de cœurs. Rapidement, les chercheurs ouvrent quatre de ces sarcophages et tombent sur des squelettes. Quelques mois plus tard, le cinquième - qui était jusque-là inaccessible - est à son tour dégagé. Et à la surprise générale, il contient un corps momifié, dans un état de conservation exceptionnel.

Pour éviter qu’il ne se dégrade, il est immédiatement transféré au CHU de Toulouse, où il doit être examiné par des chercheurs du Laboratoire d’anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (CNRS – Université de Toulouse), en collaboration avec le service médico-légal.

Le Dr Fabrice Dedouit, déjà en poste dans la Ville rose à ce moment-là, prend part à l’étude de la momie.

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Sources :

• Louise de Quengo, une bretonne du XVIIe siècle, 2021, site de l’Inrap

• L'archéologie est un livre ouvert : le dossier Louise de Quengo, 2016, podcast de France Culture

• Quatre siècles plus tard, Louise de Quengo retrouve une sépulture à Tonquédec, 2015, France 3 Bretagne